En 1927, Vickers & Volseley.
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Chenillette Carden Loyd MK V
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Ses variantes.
Bovington Tank Museum, Généalogie Carden Lyod, présentée la Mk_VI, derrière, au mur, forme de “passage de relais”, la MK V.
Amalgamant généralement les dénominations, Vickers, Bren Carrier, Universal Carrier, Carden Loyd, T16…, qui de prime abord ne reconnaît et ne confond plutôt que ne connaît d’aspect ces petits véhicules légers d’infanterie de l’entre deux guerres, en forme de “chenillettes”, pourvus d’un rien de blindage, très simples, élémentaires, actionnés par un moteur central, au train de roulement frisant la légèreté, ou à l’avant, cote à cote, sans protection de tête, deux hommes s’affairent ordinairement, l’un à la conduite, l’autre au service d’une mitrailleuse…, et n’a en mémoire, équipant en cette fin 1942 début 1943 les forces alliées composées d’Américains, de Britanniques, d’un petit nombre de Français, enveloppés d’un nuage sablonneux, dans la chaleur torride des déserts d’Afrique du Nord, poursuivant celles d’une Allemagne nazie et d’une Italie fasciste ?
Initialement développé dés 1920 à partir d’une série d’initiatives commerciales, produite majoritairement par la firme britannique Carden Loyd Tractors Ltd, copiée de par le monde, la Carden Loyd s’en vient en droite ligne du principe du ” char monoplace” prôné depuis 1925, et demeurera la clef de la réussite de toute une série successivement déclinée sous maintes “Mark”
Hybride ou convertible roues/chenilles, la Carden Loyd Mark V.
En 1924, deux anciens capitaines anglais, John Carden et Vivian Lloyd, présentent au Ministère de la Guerre du Royaume-Uni un engin chenillé de petite taille, léger, offrant une silhouette très basse, dont le pilotage se fait en position couchée. Ce véhicule monoplace, à propulsion, dispose d’un moteur de Ford T d’une puissance de 14 CV. Cette tankette suscite grand intérêt du Ministère, et cet engouement pousse nos deux inventeurs à développer un deuxième prototype plus abouti dont les améliorations résident principalement en un conducteur à califourchon sur le moteur, pouvant freiner au moyen de pédales actionnant des freins à tambours, un arbre-moteur disposé à l’avant, une suspension sans ressort composée alors de quatorze galets en fer disposés sur un longeron.
Satisfaits de ce second coup d’essai, nos deux ex-officiers déposent brevet. Le prototype officiel demeure toujours monoplace, pèse 1,6 tonne, possède blindage de 6 à 9 mm., se déplace aux vitesses de 50 km/h sur roues et de 24 km/h sur chenilles, son armement réside en une simple mitrailleuse légère Vickers 303. Son rôle double, des missions de reconnaissance et le transport d’armes et de munitions pour l’infanterie et son prix de revient faible entraînent son succès immédiat auprès de l’état-major britannique et de surcroît en fait un produit idéal pour l’exportation.
De 1926 à 1928, quatre évolutions de la chenillette s’ensuivent, ainsi les quatorze galets en fer sont-ils remplacés par quatre galets en caoutchouc puis par cinq rouleaux porteurs, les chenilles d’un modèle plus robuste augmentent la durée de vie sur route, la mitrailleuse légère cède place à une mitrailleuse lourde d’un calibre plus élevé – Vickers 50 ou 12,7 mm, la caisse élargie la chenillette devient biplace, le blindage est surélevé à droite, la silhouette générale aplatie…, enfin le moteur, toujours un Ford, gagne en puissance – 26,6 CV. Chaque modèle de chenillette est ainsi livré à l’armée, qui le cas échéant. les modifie selon ses besoins et dévolutions finales.
Hier comme aujourd’hui, “protection et mobilité” demeure l’un des récurrents dilemmes de la locomotion et du déplacement d’une armée, mythes et principes existent depuis l’Antiquité, “mobilité” comme celle de Mercure, dieu romain, messager des autres, patron des voyageurs, du commerce, également des voleurs, menteurs, et… médecins, avec ses “pieds ailés”, du “véhicule protégé par une carapace” et Léonard de Vinci d’en dessiner projet. A l’instar d’autres comme “l’épée contre le bouclier”, le “boulet contre la cuirasse”, celui de “la roue ou de la chenille” ne cesse également de faire débat : si la “chenille” tire quant à elle son nom de ce petit animal dont la reptation lui permet de passer partout et de présenter au sol une pression infinitésimale, à contrario, la roue offre bien souvent la mobilité recherchée.
Avec “l”age du fer” que de protagonistes ne s’y essayèrent ?
C’est pourquoi, tentant également le compromis “chenille / roue”, Carden et Lloyd projettent et conçoivent-ils cet engin hybride désigné du vocable Carden Loyd Mk.V.
En regard des précédents modèles, sa particularité première est d’être instantanément convertible chenilles/roues. En effet, si la novation réside en l’architecture principale d’un tricycle biplace, aux pneus gonflables, les chenilles restent montées sur un train de roulement en acier moulé, le blindage ne change point mais l’armement est à nouveau constitué de la mitrailleuse légère Vickers, le poids est plus faible – 1,13 tonne – le moteur moins puissant – 22,5 CV – la vitesse des chenilles sur route alors meilleure – 35 km/h. – ainsi ce “système” était-il supposé faire gagner du temps à l’équipage et permettre d’augmenter la durée de vie des chenilles ?
Commandée et construite courant 1928 à huit exemplaires, l’entreprise Carden Loyd Tractors Ltd est cette même année achetée par la firme Vickers Armstrong, la production de cet “éléphant blanc” qu’est la chenillette mixte arrêtée au profit de la chenillette Mk VI, modèle non mixte, équipé d’un moteur plus puissant et de 40 CV., constituant l’évolution ultime, qu’elle se charge de produire et de commercialiser de par le monde.
Pour clore ce chapitre et rendre à César ce qui – paraît-il – lui appartient, sachons que les chenillettes françaises non armées Renault UE et Lorraine – plutôt des tracteurs – furent calquées sur la Carden Loyd.
Serge Pivot