Cette Delahaye VLR (seconde série, sièges plats, sans phare central) remarquablement restaurée, fait le bonheur d’un amateur éclairé : c’est un anglais, comme souvent pour les pièces intéressantes.
En France comme partout, la décennie d’après-guerre souffla un vent de modernité sur le matériel militaire, bien que les casernes fussent pleines de surplus US (et même parfois GB comme dans la Marine !). La technologie gauloise avait produit d’intéressantes raretés à la fin des années trente, il s’agissait de tenter de récidiver dans les fifties. Et de ce fait on resta dans le confidentiel, comme il se doit…
Des appels d’offres furent lancés pour trouver un successeur aux petites machines américaines et les spécialistes se penchèrent sur leurs tables à dessin. La firme Delahaye, connue autrefois pour ses camions de pompiers et ses puissantes voitures de grand tourisme, s’efforça de trouver un second souffle dans le kaki et conçut une machine fort intéressante : ce fut la « VLR », pour voiture légère de reconnaissance, pleine de modernités diverses aux côtés de la rustique yankee.
En 1948-49 naissait un prototype qui améliora quelques détails jusqu’à la production en série : 9600 exemplaires de VLR virent en effet le jour entre 1951 et 1955 dans les usines, trois fois moins que le futur contrat avec Hotchkiss qui clona Willys sous licence WOF quelques années plus tard.
La VLR fait partie de ces engins qui ont la poisse : elle fut, comme plus tard la Ford M-151, victime d’une réputation dramatisée jusqu’au catastrophisme par des « milieux soit disant bien informés ». Et pour la même raison. Elle ne pouvait être mise entre toutes les mains, et surtout pas confiée à des brise-fer incompétents : il faut reconnaître que les bidasses n’avaient pas tous le profil de l’utilisateur compétent ! Du coup on l’accusa de tous les maux, et surtout d’une tenue de route dangereuse. Mais comme pour la M-151, il ne s’agissait pas avec une VLR de prendre des virages sauvages, elle n’aimait pas et dans ce cas, se plaisait à culbuter…Mais quand on la conduisait comme une camionnette tous-terrains et non comme une Dauphine en rallye, elle se révélait en tous points remarquable.