Le superbe M-715 de l’américain Scott Brant, attelé de la remorque de Dodge qui va bien (mais difficile à trouver).
Tous les 4×4 ont leurs limites : ici, le M-715 a retrouvé un petit goût de mousson et à renoncé dans une fâcheuse posture.
Dans l’armée US, il y a toujours eu un petit besoin d’intermédiaire entre la voiturette 4×4 et le camion 6×6 : c’était le créneau des Dodge jusqu’au milieu des années soixante. Les rustiques camionnettes de la série WC, point trop appréciées des GI’s de par leurs courants d’air et par cette infernale position de roue de secours rendant sportive la sortie à droite du conducteur, furent très vite remplacées.
En 1950 apparurent les M-37, version plus confortable : portières à vitres descendantes, direction plus douce, empattement plus long et ressorts adoucis rendant la conduite moins tressautante, vitesses synchronisées, bref il y avait du mieux dans l’air. Ce modèle servit fidèlement jusqu’en 1968, construit à plus de 110 000 exemplaires. A l’heure du conflit indochinois, les cadres pensèrent à la relève, mais sans négliger pour autant le prix d’achat.
Il s’ensuivit un marché remporté par Kaiser-Jeep, par ailleurs grand fournisseur de l’US Army après quelque faiblesses sur le marché de la voiture civile. En partant du pick-up civil « Gladiator » de la marque, apparut le M-715. Il fut d’une utilisation limitée, en définitive, lors du conflit du Vietnam, et en revint avec une réputation écornée et un certain désamour des utilisateurs. Son appétit devint légendaire (une bonne trentaine de litres pour le moteur de 132 hp), à l’inverse de ses performances sous la mousson. Il ne fut construit qu’à 22 000 exemplaires entre 1965 et 1969, restant pour l’histoire l’intermédiaire oublié entre la génération M-37 et les futurs pick-ups M-880 Dodge et Chevrolet CUCV dont on connaît le succès. Mais il fut aussi le premier véhicule tactique provenant d’une adaptation de la gamme civile aux contingences du QMC et non d’une conception spécifique.
Réformé depuis belle lurette, le M-715 a ses fans, mais sa cote reste modeste, donc abordable. Il y en a bien peu en France cependant. Avec sa carrosserie avant de voiture décapotable, son « pare-buffles », ses ailes à déports saillants et son drôle de pare-brise, il a une bonne bouille particulièrement reconnaissable.