À la Libération, un certain nombre de véhicules militaires confisqués aux vaincus furent recyclés un peu partout, y compris dans l’armée française. L’on se souvient du cabriolet Horch de Choltitz, pris à Paris par la 2ème D.B., et qui servit – très peu – au maréchal Leclerc et guère plus à Charles de Gaulle.
Le musée de la Rochetaillée, à Lyon – création du pionnier disparu Henri Malartre – abrite dans ce chapitre une Mercedes-Benz unique et pour cause : la voiture de parade faite spécialement pour le dictateur du IIIème Reich par la firme à l’étoile.
Reprenant la base du modèle “770” d’avant-guerre – des limousines de grand luxe, essentiellement – les fournisseurs du Reich construisirent cet immense cabriolet à quatre portes et six glaces en 1942.
Il effectua quelques parades ça et là avant d’être, à son tour, capturé en 1945.
L’U.S. Army le rapatria en Amérique pour servir à ses vétérans, et on le perdit de vue. Pas perdu pour tout le monde puisque, après quelques lustres d’oubli discret, l’engin réapparut lors d’une vente aux enchères, et on la vit même transformée quelque temps en attraction foraine.
On peut dire engin plutôt que voiture en effet : cela pesait 4.780 kilos ! Pourquoi diable Tout simplement pour des raisons – fort paranoïaques – de blindage car si les côtés étaient protégés, la voiture circulait majoritairement découverte et de toute manière la toile, même en plusieurs épaisseurs, n’eut point résisté à un tireur de style Dallas.
Protégés sérieusement, les côtés avec 16 mm de blindage, et des vitres à l’épreuve des balles de…40mm d’épaisseur ! Bien lourd, tout cela, aussi s’efforça-t-on de manière amusante de gagner du poids par ailleurs en utilisant l’aluminium. Et les roues de secours dans les ailes étaient censées protéger le moteur. Autre détail d’avant-garde cette fois : un circuit électromagnétique de blocage des portes. Quant à la calandre de belle taille et abondamment garnie de phares, elle était en nickel et argent.
Côté caractéristiques mécaniques, le modèle “770 K” signifiait une cylindrée de 7700 cm3 à compresseur : l’énorme 8 cylindres développait ainsi 394 chevaux-vapeur – pour parler fiscal, c’est l’équivalent d’une carte grise française de 45 CV au bas mot – Pouvant rouler à 160 km/h, le blindé à roues, de six mètres de long, avait double circuit de freinage hydraulique, une boite de 5 vitesses, et un réservoir de 300 litres d’essence qui donne une idée de l’appétit.
L’empereur du Japon Hiro Hito eut aussi une “770” mais en limousine plus légère, tout comme le Kaiser Guillaume II.
Par flatterie sans doute, le constructeur pour celle-ci avait quelque peu rehaussé la banquette arrière pour qu’on voie mieux le passager moustachu…
Et l’immatriculation du musée est conforme à l’histoire : “IA 103 708”.I comme Itler, A comme Adolphe ?