Tous ceux qui ont pratiqué les plages de Normandie à marée basse le savaient, ou alors l’ont appris ensuite à leurs dépens. LA MER, C’EST SALÉ ! Et le chlorure de sodium dilué ne rechigne jamais longtemps à fabriquer de l’oxyde de fer au détriment des engins qui le fréquentent sans méfiance ni précautions.
Surtout après, les précautions : les amateurs de navigation en G.M.C. “DUKW” n’ont jamais dédaigné une petite baignade-bis dans un étang d’eau douce après avoir fréquenté la Manche.
Sur cette image datant parait-il du début 1944, la Ford amphibie a eu tous ses diplômes terre-mer, mais il ne faut pas pour autant négliger sa toilette. En voici donc une, surprise dans sa salle de bains dernier cri, passant au jet puissant d’un impressionnant compresseur pour chasser le sel.
A la lance, un civil ? un soldat ? Il a l’allure du sergent Myklynn, le mécano de Papy Boyington dans les “Têtes brûlées” et il arrose de bon cœur la trappe de refroidissement – refermée pour l’occasion – et le capot verrouillé. Cette auto hybride, bien plus lourde que sa sœur exclusivement terrestre, avait un avant et un arrière assez étanche grâce à des joints mous, mais entre les deux, c’était une bassine à ciel ouvert. D’où l’installation sur la boite de transfert d’une pompe de cale rejetant l’eau sur le coté, un accessoire qui n’existait pas sur sa petite cousine de Volkswagen ne disposant que d’une écope manuelle.
Une auto assez exceptionnelle, très courue de nos jours malgré ses faiblesses oubliées, et qui fut abondamment copiée derrière le rideau de fer, alors que dans le même temps les armées de l’ouest l’abandonnaient rapidement, une fois la guerre finie. Il est vrai que l’appareil, génétiquement et lourdement modifié, avait perdu bien des qualités du modèle terrestre, n’était pas un vrai bateau sans transformations supplémentaires, et se révéla un tracassin de référence en matière d’accessibilité mécanique, voire de simple maintenance. Je le sais, j’en ai restauré une que les pompiers d’Agen avaient – involontairement – fait rouler …au fond de la Garonne pour cause de rupture soudaine d’un des énormes joints de passage de transmission.
C’était une “voiture d’ingénieurs”, à l’opposé de la simpliste MB. La GPA n’était pas conçue pour survivre longtemps.
J.P. Dardinier