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Armée à l’origine d’un canon de 25 mm SA 34, emportant un équipage de 4 hommes, l’histoire de l’A.M.D. 178 remonte au début des années 1930 avec la création de la PANHARD 165 / 175 – Surnommée “Panpan” par les équipages du fait du bruit de son moteur. Photos Musée des blindés de Saumur.
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Autour du programme d’automitrailleuse de 1938 PANHARD étudie l’AM 201,
engin à 8 roues, armé d’un canon de 37 mm SA 38, équipage de deux hommes,
le prototype présenté en 1939 est suivi d’une commande de 600 exemplaires
sous la désignation AM 40 P.
Mars 1940, en la propriété de la famille Panhard, à Rozay-en-Brie, le général Prioux, patron de la cavalerie d’alors, entouré d’un aréopage d’officiers de l’arme, se font expliquer les détails de la nouveauté du constructeur de la Porte d’Ivry, la “Voiture 201”, future AMP 40.
Depuis le bloc mécanisme, jusqu’à la transmission du mouvement aux différentes roues, ce plan nous offre toute la chaîne cinématique – Panhard.
Vue de trois-quart avant, la tourelle FL 11, son panier, canon SA 49 de 75 mm., frein de bouche à deux étages, le corps oscillant pivote sur deux tourillons encastrés dans le corps pivotant ou sellette. C.D.E.B. de Saumur.
Revue d’armes, épiscopes, mitrailleuse MAC 31, chargeurs circulaires, lunettes…, Algérie – 8ème hussards – 4ème escadron – photo J. Spréder.
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À gauche, prise d’arme – Régiment Etranger de cavalerie – EBR FL 11 / 90. À droite, Constantinois – Peloton du 1er escadron / 8ème RH.
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À gauche, octobre 1976, Valdahon, EBR FL 11 / 90, manœuvres du 4ème escadron / 8ème RH. À droite, Epernay 1955, EBR FL 11 / 75, manœuvres.
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1955 dans les Aurés – – 8ème R.H. / 2ème peloton / 3ème escadron – au fond l’E.B.R. 420 de R. Alazet.
L’une des plus belles photos de cette “machine”, Georges Chuquet – Camp de la Courtine février 1977.
1958 – 59 – Situation délicate d’un E.B.R. du 3ème R.C.A. en Grande Kabylie – Algérie.
Il est aujourd’hui encore nombre considérable de français qui ayant de 1950 à 1985 servi dans la cavalerie, pour lesquels l’Engin Blindé de Reconnaissance Panhard est et restera la “monture de leurs vingt ans”.
Véritable révolution technique dés son apparition, cet engin exceptionnel synthétise toutes les technologies alors accumulées depuis des décennies, ainsi trente années durant demeurera-t-il sans équivalent dans le monde militaire des engins blindés de reconnaissance.
1943, Afrique du Nord, la Cavalerie française et les régiments de reconnaissance perçoivent des matériels étasuniens à roues – Scout car, AMM8… – qui généralement mieux conçus que ceux français d’avant-guerre, sont toutefois incapables de faire face aux chars allemands et n’apportent pas la réponse de ceux attendus. Si le nombre y pallie, emporte l’enthousiasme, avant la fin même du conflit, en mesurant les limites – solution provisoire nécessitée par l’urgence – la cavalerie réclame la reprise des fabrications de l’AMD 178 – 1935, tourelle APX 3 B, canon de 25 mm et mitrailleuse de 7,5 mm.
Cette voiture équipe l’armée d’armistice. Sa tourelle APX 3 B est alors armée de deux mitrailleuses de 7,5 mm. Dès la libération, la fabrication des A.M. Panhard est relancée. Equipée d’une nouvelle tourelle Five-Lille, elle est armée d’un canon de 47 mm SA 35. Dénommée Panhard 178 B, elle est servie par les régiments de chasseurs d’Afrique au Maroc et en Tunisie, et participe également à la guerre d’Indochine.
Mars 1945, l’industrie française de défense est exsangue, ses moyens détruits, mais sorte de défi, l’Etat-Major de l’Armée de Terre lance un programme pour engin blindé de reconnaissance – une très grande mobilité sur route et en tout-terrain, une autonomie importante, un armement puissant, une conduite dans les deux sens… – sont requis. Quatre constructeurs spécialistes des engins à roues tout-terrain, Panhard & Levassor, Hotchkiss, Latil et Lorraine concourent alors.
Panhard, firme de la Porte d’Ivry, qui peu avant la seconde guerre mondiale a présentée son AM 201, ne s’imagine pas que son concept, solution d’avenir – caisse dont l’architecture assure une protection balistique renforcée, train de roulement offrant avant la lettre une protection balistique additionnelle – survivra au conflit. Reste à reconsidérer l’armement sous tourelle qui se doit d’être au moins égal au calibre de 75 mm. du Sherman. Naît l’AM 212 – futur E.B.R. – qui reprend les grandes lignes de sa devancière, bénéficie de l’expérience de cinq années de conflits, mais deux hommes dans la caisse, deux autres en tourelle impliquent solution technique pour le moteur ?
Avril 1946, Panhard reçoit commande pour un E.B.R. à 8 roues et un second à 6 roues. De son coté Hotchkiss, suivi par Latil, reçoivent commande pour un prototype.
Juillet 1948 Panhard finalise son premier prototype à 8 roues motrices en permanence, indépendantes, et suspension oléo-pnematique. En août il est prêt, en mars 1949 Hotchkiss présente le sien. Mis en essai au 1er régiment de spahis de Tours, son adoption approuvée le 23 septembre suivant, les premiers E.B.R. sortent d’usine, début 1952 ils sont expérimentés par la S.T.A. – Section Technique des Armées – Fin 1952, les premières voitures rejoignent le 8ème régiment de hussards qui commence leur mise au point sur le terrain – caisse et tourelle. En octobre et novembre 1953, elles sont testées sur un parcours de 17 000 km non-stop. Le 14 juillet 1953 les E.B.R. Panhard du régiment défilent pour la première fois sur les Champs Elysées, il en sera de même en 1954, 1955. En août 1955, les escadrons du 8ème hussards rejoignent l’Algérie avec leurs voitures.
Ainsi six années après l’émission du programme, si les autres grandes puissances telles que les U.S.A., l’U.R.S.S. ont opté pour des chenillés, les unités de Cavalerie françaises disposent quand à elles d’un engin sans équivalent.
Le moteur
S’inspirant du moteur à deux cylindres des “Dyna” l’ingénieur Delagarde et son second Gustave Géry imaginent un douze cylindres à plat refroidi par air dans son volume, ainsi le moteur s’en vient se loger au centre du véhicule, juste sous le panier de tourelle.
Prend corps le moteur Panhard 12 H 6000 S, cylindrée de 6 litres, 12 cylindres horizontaux à plat en 2 groupes de 6 opposés, 4 temps, soupapes en tête culbutées, taux de compression de 6,6, refroidissement par air, carter sec, d’une puissance nominale de 200 CV à 3 700 tr/mn., allumage par deux magnétos.
Le train de roulement
Autre considération, mais de taille, l’organisation du train de roulement de l’E.B.R. permet à un engin de rejoindre avec une ou deux roues endommagées, alors qu’un seul maillon de chenille manquant immobilise inexorablement un char.
Agencé autour de quatre roues indépendantes pour celles extrêmes, pneus increvables Michelin VPF 24, de quatre en Alpax, relevables oléo-pneumatiquement pour celles intermédiaires, d’une direction hydraulique sur deux ou quatre roues, de deux postes de conduite identiques, avant et arrière.
Deux boites de vitesses à quatre rapports, “variée et route” avec répartiteurs latéraux, quatre combinaisons, l’ensemble autorise une vitesse sur route de 3 à 105 km/h. et permet de passer sans marquer d’arrêt de la vitesse maximale à la combinaison la plus réduite, un inverseur permet la marche dans les deux sens.
D’un rayon de braquage de 10,00 m. sur deux roues, lorsque sur quatre l’engin fait “carrousel”, il est alors de 6,50 mètres.
La tourelle oscillante FL 11
Etudiée par Fives Lille à partir d’une l’idée de l’ingénieur Michaux. Oscillante, en deux parties distinctes mais solidaires, elle est simple, la supérieure pointe en site, permet le chargement automatique et la possibilité d’un tir rapide de trois obus – trop court, trop long, dedans – dans le même temps que met une tourelle classique à n’en tirer qu’un seul.
Agencée autour du canon de 75 mm SA 49, V° de 600 m/s., frein de bouche à deux étages, nomenclaturée FL 11 elle équipe l’E.B.R. et l’A.M.X. 13 aux puits de tourelle identiques. Servie par deux hommes – chef de voiture-chargeur et tireur – son mouvement s’effectue au moyen d’un servo-pointage hydraulique offrant une rotation totale en 14 secondes, ou manuellement à l’aide de volants. Son pointage en site est de -10° à +15°.
Par la suite, lors de l’adoption et de l’installation du canon de 90 mm F2, V° de 750 m/s., le frein de bouche est réduit à un étage.
Jumelée à la pièce, la tourelle dispose d’une mitrailleuse MAC 31 E, calibre de 7,5 mm., si deux autres arment les deux extrémités de la caisse, quatre pots fumigènes complètent le dispositif.
Chapitre munitions, la tourelle abrite vingt obus, trente-six autres sont en caisses, la dotation pour les mitrailleuses est de 2 250 cartouches, les chargeurs de 150 coups sont des “Reibel” circulaires, douze grenades offensives complètent cette dotation.
Les appareils d’observation et de pointage résident en une lunette de tir direct
APX-L 852 au grossissement de 5,8, deux épiscopes pour le tireur, huit pour le chef de voiture, restent deux “grains d’orge” – chef de voiture et tireur – qui contribuent à dégrossir le pointage.
La radio et l’interphone
Selon la version de la voiture, l’époque, les circonstances…, celles ordinaires s’articulent généralement ainsi :
- Un poste SCR 528 exploité par le chef de voiture, assure les communications radio à l’intérieur du peloton et par interphone celles entre les membres de l’équipage.
- Placé en arrière, au dessus du siège du pilote de marche inverse, un poste SCR 506 ou un poste TRVM1 assurent la liaison entre le chef de peloton d’A.M. et son capitaine ou tout commandant d’unité auquel il est rattaché
Bien d’autres agencement seront exploités, tels que :
- Version commandement : TR VM1 ; ANVRC 10 et AM 84.
- Version rang : ANPRC 10 et AM 84…
- Dimensions hors tout : longueur de 5,56 m., de 6,157 m. y compris le tube; largeur de 2,42 m., hauteur ordinaire de 2,32 m.
- Equipage de 4 hommes.
- Poids sans équipage, tous pleins faits : 12,5 t.
- Une capacité de 380 litres lui confèrent une autonomie moyenne de 600 km.
- Profondeur de gué franchissable de 1,20 m.
- Pente maximale pouvant être gravie : 60°.
- Franchissement de murette d’une hauteur de 0,40 m.