En robe blanche des Nations unies, ce M-135 à six roues disposait déjà de l’échappement aérien à droite de la cabine, devenu classique plus tard. Il a un plateau surbaissé (à comparer avec le bas des portières).
Le M-211 à dix petites roues a retrouvé une caisse « classique » . Cet exemplaire restauré aux USA montre bien la silhouette spécifique de la cabine.
Si l’on prononce en France les trois lettres « GMC », cela ne veut dire qu’une seule chose : ce camion à dix roues, au joli bruit et à l’inconfort aussi notoire que sa consommation est légendaire, qui a véhiculé des centaines de milliers de soldats français pendant des décennies, depuis l’armée d’Italie de Juin et de Lattre et la 2° DB de Leclerc en passant par l’Indochine, l’Algérie, Suez, sans parler des manœuvres en temps de paix. Le « vieux continent » ne connaît rien d’autre de ce nom, pas même un de ces pick-ups civils si prisés outre-atlantique.
Et pourtant, dans notre créneau de véhicules militaires, il y a un autre GMC qui mérite la plus large attention : il s’agit du M-135 qui a vécu entre 1950 et 1955 pour succéder à notre bien connu CCKW dont les américains ne voulaient plus après la guerre. Mais comme il fut vite supplanté par la gamme des REO M-35 construits sur une très grande échelle, il a été d’autant plus vite estompé dans le paysage qu’il a été très peu utilisé en Europe : il fit sa brève carrière aux USA et au Canada, et aussi en Corée.
Ce fut un véhicule intermédiaire qui, en quelque sorte, testa des changements dont la plupart ne furent pas retenus, à l’exception des portières à glaces descendantes. Premier changement : la boite de vitesses automatique à deux étages avec réducteur (soit 4 vitesses), ce qui était un événement en la matière et en faisait un engin très efficace hors chemins, là où la mécanique choisit le rapport idoine souvent mieux que l’homme. Ce type de boite disparut avec les REO, il fallut attendre plusieurs dizaines d’années pour la voir revenir en force sur la majorité des véhicules américains actuels, y compris les monumentaux porte-char OSKOSH, c’est dire si ça marche bien ! Ce qui subsista en revanche, c’est l’enclenchement automatique du pont avant, par un système inspiré de la roue libre, lorsqu’un patinage était décelé.
Autre innovation, reprise un temps par REO M-34 et oubliée ensuite jusqu’aux actuels « big feet » des séries M-923 : les gros pneus en monte simple à l’arrière, avec une caisse surbaissée plus facile à escalader et abaissant le centre de gravité, mais générant un embossement intérieur aux passages de roues.
Construit à Pontiac (Michigan), ce camion sympa mais peu connu se reconnaissait à un pare-choc percé sur les côtés de six énormes trous, à des ailes arrondies et à un museau rondouillard au dessus de son moteur culbuté à essence de 130 hp. Ce fut aussi la première apparition du compresseur d’air : il remplaçait l’hydrovac pour assister les freins hydrauliques, et permettait l’attelage de la lourde remorque 1,5 tonnes à freinage à air. Les manies restant les plus fortes, l’on revint en cours de production sur les roues arrière jumelées (mais pneus plus petits) et cela s’appela M-211.