Des “concepteurs” de chez ZIL – Zavod Imeni Likhacheva – en Russie soviétique, avaient testé une étrange aventure dans les années de guerre froide avec le “modèle 2906”, une aventure sans lendemain d’ailleurs.
Cette étrange machine fut construite dans les années 80 à vingt exemplaires seulement, et sans vocation guerrière pour une fois au-delà du rideau de fer : il s’agissait de pouvoir aller n’importe où pour récupérer des cosmonautes soviétiques qui seraient tombés dans les territoires perdus.
De coque, cela semble apparenté à un transporteur de troupe ou de matériel, une sorte de VTT “non blindé” destiné à se mouvoir dans des conditions extrêmement particulières, au-delà du difficile.
Plus de roues, plus de chenilles non plus, mais ces étranges cylindres parallèles marqués d’une arête hélicoïdale. La technique du tire-bouchon ou de la vrille adaptée à la propulsion.
Dans un terrain qualifié d’infranchissable, l’outil se visse sur le sol grâce à la rotation des cylindres. Et plus il a tendance à s’enfoncer, plus il trouve de la motricité et de la prise ! La direction procède de la même technologie que les chenilles, cela paraît astucieux d’autant plus que la végétation plie sous l’effort. Là où cela doit se compliquer, c’est dans des conditions de mouvement sur terrain dur…
Mais en revanche là où cela devient amusant, c’est que l’idée n’était pas récente, elle avait même été d’inspiration extérieure. Comme la limousine ZIS venait de Packard, le Tupolev du Concorde et bien d’autres à l’époque, le concept avait été pompé à l’ouest.
“A l’Est rien de nouveau”, si l’inventeur reste cependant un américain du Missouri, un agriculteur qui en équipa des charrues… en 1899, pour ce cas précis, le pionnier fut l’américain FORDSON, filiale de Ford connue pour ses tracteurs agricoles, qui réalisa le premier un engin – à vocation non guerrière mais rurale – destiné aux zones très enneigées, avant que d’autres tentatives agricoles voient le jour entre les deux guerres aux U.S.A..
Ce tracteur pouvait en effet évoluer aisément sur un mètre de neige, là où les chevaux devaient renoncer, et tirer par exemple deux traîneaux de 20 tonnes de bois sur route enneigée sans patiner. Un système de transmission modulable par chaîne à l’arrière des cylindres – c’était même en direct, pas besoin de renvoi d’angle – rendait possible des virages serrés, voire des demi-tours sur place !
De son côté, Chevrolet qui n’avait pas voulu être en reste, avait testé un torpédo civil de la marque dont les roues avaient été supprimées au bénéfice des cylindres à vis : cela fonctionnait parfaitement sur les routes enneigées, et pouvait même évoluer au printemps dans les prés herbeux sans s’enfoncer ni endommager la végétation. Cela ne connut pas non plus l’enthousiasme des grandes inventions ni la réussite industrielle et commerciale…
Pendant la seconde guerre, les allemands testèrent un prototype en vue des neige et boue du front de l’Est, mais l’histoire fit tourner court le projet.
Ah ! Un dernier détail qui n’est pas négligeable : c’était en 1929 aux USA, quelques décennies avant le “transfert de technologie” vers l’Est !
Les curieux peuvent aller vérifier sur un intéressant film octogénaire de 10 minutes sur le site “YouTube”.