N’est-il pas étonnant, cet engin ? Il est baptisé ERITA, pour “Engin Rapide d’Infanterie Tout terrain Amphibie-aéroporté”. Quel cahier des charges !
C’est la firme SOFAM, plus connue pour la conception des chars légers AMX 13, qui s’est alors penchée sur sa table d’études pour associer toutes ces capacités dans un matériel spécifiquement “gaulois” : il s’agissait, sans doute, de trouver un remplaçant au Studebaker “Weasel M-29“ en alliant la version terrestre à l’amélioration amphibie : il est vrai que, en 1952, ces petits chenillés US rendaient bien service dans les lointaines rizières, ces fameux “crabes” en terminologie “colo” et il fallait penser à une possible relève. Mais l’histoire en décida autrement.
SOFAM propose donc ce prototype – sans lendemain – avec deux variantes moteur – 75 ou 85 CV – pour propulser un poids à vide d’une tonne, devant continuer à pouvoir flotter avec une tonne de plus en charge utile.
L’engin est plutôt discret dans ses proportions avec ses 1.70 m. de large, ses 3.7 m. de long, et annoncé comme pouvant, sur ses chenilles à patins caoutchouc, dépasser les 75 km/h sur route, et atteindre 40 km/h en tout terrain.
Variante aussi pour la transmission : le choix est laissé entre une classique boite mécanique 3 vitesses, ou une résolument plus moderne boite hydrostatique à variation continue.
La propulsion dans l’eau semblait astucieuse : deux hélices rapidement enclenchables par baïonnette prenaient leur mouvement sur les différentiels de direction, ce qui permettait de diriger aussi la navigation par les mêmes leviers de conduite. Tout ceci avec une autonomie annoncée de 500 km !
Mais le plus original de tout cela était dans la conduite, reprenant le fruit des réflexions nées d’une vieille angoisse de demi-tour impossible et de marche arrière instantanée. A l’instar de son “grand frère” le blindé à roues E.B.R. de Panhard, l’ERITA était équipé d’un système de changement de marche avant-arrière immédiat, et disposait donc de deux postes de conduite – un devant, un derrière…, ou inversement, comme un TGV ! – et en principe de deux conducteurs pour les changements de stratégie dans l’urgence.
Un concept un peu moins évoqué de nos jours par les militaires…