Véhicule voltigeur léger : la DAF YA-66, génération Méhari.
Les Hollandais, européens atypiques par mains aspects, n’ont pas démérité non plus dans le domaine du militaire.
S’ils n’ont pas dédaigné, après le départ de la Wehrmacht, quelques véhicules alliés (en refabriquant par exemple la sœur jumelle de la remorque Bantam ou la M-38 A1 appelée NEKAF, comme Daf avait dans les années 30, avait construit des Ford et des Chevrolet sous licence) ils ont cependant « joué perso » par la suite. Puisqu’ils savaient concevoir et construire du matériel roulant, ils allaient le prouver.
Et la firme DAF, à Eindhoven, occupa donc le marché avec toute une gamme de produits dont, en bas de l’échelle, une sorte de Méhari à deux roues motrices mais « faciès mili »,la YA 66.
le petit camion DAF YA-126 est excellent hors des chemins avec ses roues folles.
Mais la gamme tactique allait s’enrichir d’une vraie série cohérente de camions tous-terrains. En 1952, sortait le YA-126, une sorte d’énorme Dodge à la physionomie inimitable, mu par un moteur Hercules américain à essence (frère jumeau de celui du scout-car et de la M8) réclamant au moins 25 litres aux 100km . Mais avec « DAF » embouti sur le pare-choc et un énorme écusson de radiateur, pour que nul n’en ignore. Un museau massif, un grand pare-brise on ne peut plus vertical, capot et ailes en tôle plus pliée qu’arrondie, un poste de conduite rustique à souhait avec une position du conducteur assez curieuse en regard de l’emplacement du volant bref, un vrai camion militaire.
Le DAF « YA-328 » hésite entre 6×6 et 8×8, il est les deux !
Avec des capacités aussi : la caisse courte et bâchée était faite pour six hommes avec paquetage (il y eut quelques versions tôlées pour radio et sanitaires). Quant au moteur de 4600 cm3, il ne permettait pas de dépasser les 75/80 km/h même en plat pays, car c’était un 4×4 permanent mais avec un différentiel central, et un réducteur à deux étages, de ce fait il tournait dans un rayon de 7 mètres. Bénéficiant de ponts déportés améliorant la garde au sol et permettant un gué jusqu’à 0.75m, le YA 126 se distinguait par un détail technique inspiré des vieux Laffly V15 pour l’aide au franchissement des bosses : la roulette centrale d’avion utilisée par les français était cette fois remplacée astucieusement par… les deux roues de secours fixées sur des moyeux fous, juste à la hauteur du siège conducteur. Passer des bosses pointues ne présentait plus le risque de racler châssis et transmissions et de se bloquer sur une butte ! Il fut construit à7200 exemplaires, et on en trouve sur le marché à des prix intéressants, c’est une pièce à mettre à l’abri tant qu’il en reste.
La gamme camions s’élargissait au milieu des « fifties » avec le gros 4×4 YA-314 à cabine avancée (mais avec le même moteur que le YA 126) puis le 6×6 « YA-328 » avec moteur essence Hercules JXLD de 131 hp. Neuf mille exemplaires construits sur une décennie, avec une spécificité : la roue folle du petit frère était, entre temps, devenue motrice à la demande, avec une technologie de transmissions très pointue, pour ne pas dire compliquée, où l’on retrouvait un peu de Laffly aussi dans la philosophie générale des arbres séparés. Et la famille s’achevait par un puissant 6×6 à grosses roues simples (1400×20), le YA-616, avec moteur essence Continental 204 hp (presque 10 litres de cylindrée, appétit en proportion) qui fut construit à 1200 exemplaires. Sa technologie était, cette fois, résolument classique.
Le blindé DAF « YP-408 ».
Enfin, une rareté construite à 750 exemplaires, le transport blindé YP-408 avec ses huit roues motrices (dont quatre directrices) et arbres de transmission séparés, moteur diesel 165 hp et freins à air. Avec, à titre personnel, un souvenir pittoresque : lors de l’opération «Tulipweg» à Eindhoven en 1986, un de ces engins nous avait rejoints sur une piste à char de l’armée néérlandaise et avait stoppé à nos côtés pour faire connaissance avec nos vieilleries. Le chef de bord, descendu le premier, avait enlevé son casque… puis le filet à fines mailles qui couvrait sa tête : nos yeux médusés avaient vu alors se dérouler une somptueuse chevelure romantique jusqu’aux épaules du sous-officier blond ! C’était une spécialité locale.