Cette image de début 1940 montre une rareté de l’A.M.D. : la version transmissions. L’automitrailleuse avait renoncé à son armement pour devenir véhicule de commandement : la tourelle sans tube, devenue fixe, abritait en réalité le poste radio ER-27, une monstruosité de 200 kg dont les lampes ne supportaient pas les explosions à proximité ! La machine, outre sa tourelle châtrée, se singularisait par deux énormes antennes, à l’avant et l’arrière – portée théorique 80/150 km – dont la rigidité entraînait une casse rapide sous les branches…Bref, améliorable.
Cet exemplaire – le 7ème des 24 construits – est examiné par un officier allié à stick lors d’un arrêt dans un village, alors que le petit garçon en blouse d’écolier ne manifeste aucun intérêt majeur pour ce remue-ménage du printemps 1940.
Autre A.M.D. TSF “le corsaire” – M 18000 – perdue aux premières heures du 14 mai 1940 par le 2eme G.R.D.I. Elle sera laissée sur place après avoir été rendue inutilisable par un partiel incendie – GBM & P. Danjou.
La firme Panhard, connue de nos jours pour ses blindés légers, n’avait pas vocation guerrière au départ, fabriquant au début du XX° siècle en collaboration avec M. Levassor, de courageuses automobiles puis des camions, non sans passer par la case marginale des moteurs sans soupapes dans les années trente.
C’est en 1932 qu’apparaît l’automitrailleuse Panhard 165, ‘TOE” essentiellement à l’outre-mer. Puis l’A.M.D. en 1935. Un engin à grandes roues, de plus 8 tonnes, roulant à 72 km/h et dominant les événements de ses 2,30 mètres de haut. Il en sera fabriqué plus de 500 exemplaires, engagées dans la campagne de 1940 et qui s’y comporteront très honorablement.
Un blindage un peu juste et une faible résistance de la base de tourelle aux tirs ajustés de l’ennemi lui jouèrent de mauvais tours, en plus des pannes d’essence dans le désordre de mai 40. Pour les utilisateurs, l’A.M.D. Panhard se signalait par un moteur assez silencieux mais en revanche les freins émettaient un sifflement phénoménal, l’aération intérieure n’avait pas été très étudiée – gênant après la fumée des tirs ! – et les quatre occupants pouvaient à peine remuer dans l’engin clos : l’ergonomie n’était pas inventée et de toute manière ne fut jamais la préoccupation majeure des ingénieurs de Panhard même après la guerre.
Il fallut attendre le VBL des années 80 pour enfin avoir un peu de place à l’intérieur. Cela n’empêcha pas la Wehrmacht – dont les troupes visitèrent avec curiosité les exemplaires hors de combat – de les récupérer soigneusement et de tout remettre en état pour aller ensuite vers le front de l’est.